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quand Miguel Angel Asturias disparut
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por [Aime_Fernand_Cesaire ]

2008-06-06  | [Este texto, tienes que leerlo en francais]    |  Inscrito en la biblioteca por Guy Rancourt





bon batteur de silex
jeteur à toute volée de grains d’or dans l’épaisse
crinière de la nuit hippocampe
ensemenceur dément de diamants
brise-hache comme nul arbre dans la forêt
Miguel Angel s’asseyait à même le sol
disposant un gri-gri dans l’osselet de ses mots
quatre mots de soleil blanc
quatre mots de ceiba rouge
quatre mots de serpent corail

Miguel Angel se versait une rasade
de tafia d’étoiles macérées neuf nuits
à bouillir dans le gueuloir non éteint des volcans
et leur trachée d’obsidienne

Miguel Angel contemplait dans le fond de ses yeux
les graines montant gravement à leur profil d’arbres

Miguel Angel de sa plume caressait
la grande calotte des vents et le vortex polaire

Miguel Angel allumait de pins verts
les perroquets à tête bleue de la nuit

Miguel Angel perfusait d’un sang d’étoiles de lait
de veines diaprées et de ramages de lumières
la grise empreinte
de l’heure du jour des jours du temps des temps

et puis
Miguel Angel déchaînait ses musiques sévères
une musique d’arc
une musique de vagues et de calebasses
une musique de gémissements de rivière
ponctuée des coups de canon des fruits du couroupite
Et les burins de quartz se mettaient à frapper
les aiguilles de jade réveillaient les couteaux de silex
et les arbres à résine

ô Miguel Angel sorcier des vers luisants

le saman basculait empêtré de ses bras fous
avec toutes ses pendeloques de machines éperdues
avec le petit rire de la mer très doux
dans le cou chatouilleux des criques
et l’amitié minutieuse du Grand Vent

quand les flèches de la Mort atteignirent Miguel Angel
on ne le vit point couché
mais bien plutôt déplier sa grande taille
au fond du lac qui s’illumina

Miguel Angel immergea sa peau d’homme
et revêtit sa peau de dauphin

Miguel Angel dévêtit sa peau de dauphin
et se changea en arc-en-ciel

Miguel Angel rejetant sa peau d’eau bleue
revêtit sa peau de volcan

et s’installa montagne toujours verte
à l’horizon de tous les hommes.

(Aimé Césaire, in Ethiopiques numéro 5 revue socialiste de culture négro-africaine
janvier 1976. Poème repris in Moi, laminaire…,1982)

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