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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-07-30 | [Este texto, tienes que leerlo en francais] | Inscrito en la biblioteca por lucia sotirova
QUELQUES POEMES EXTRAITS DE DOUZIEME POESIE VERTICALE
5 Certaines lumières éteintes éclairent plus que les lumières allumées. Il y a des lieux où il ne faut pas que quelque chose soit allumé pour y voir clair. De plus il y a des choses qui s'éclairent mieux toutes lumières éteintes, comme certaines strates obliques de l'homme ou des recoins qui s'installent subrepticement dans les espaces les plus ouverts. Il y a cependant une intempérie de la lumière, une zone sereine et dépouillée où il n'y aucune différence entre les lumières allumées et les lumières éteintes. 8 Il dessinait partout des fenêtres. Sur les murs trop hauts, sur les murs trop bas, sur les parois obtuses, dans les coins, dans l'air et jusque sur les plafonds. Il dessinait des fenêtres comme s'il dessinait des oiseaux. Sur le sol, sur les nuits, sur les regards tangiblement sourds, sur les environs de la mort, sur les tombes, les arbres. Il dessinait des fenêtres jusque sur les portes. Mais jamais il ne dessina une porte. Il ne voulait ni entrer ni sortir. Il savait que cela ne se peut. Il voulait seulement voir : voir. Il dessinait des fenêtres. Partout. 9 Tôt ou tard il faut mettre la main au feu. Peut-être la main pourrait-elle apprendre d'abord à être flamme ou bien persuader la flamme de prendre la forme d'une main. Et si les deux échouaient peut-être la flamme et la main pourraient-elles se muer en atomes libres d'une autre clarté. Ou peut-être simplement réchauffer un peu plus l'univers. 17 La parabole qu'est notre environnement contamine notre vision et l'embrase d'une fugace parade qui contredit les étoiles. Le mythe de porter en soi un dieu nous scarifie la vision et la corrompt sous la tutelle intime d'un oeil ancré dans son propre strabisme. Coincée entre le dehors et le dedans, la vision devrait être autonome, indépendante de l'homme et des dieux, de l'oeil et des choses. La vision devrait être vision et non regard, lumière sensible, ponction, flamme sans bûches, création d'un oeil, non son rejeton. Et après, seulement, ouvrir le monde. 21 On dirait parfois que nous sommes au centre de la fête. Cependant au centre de la fête il n'y a personne. Au centre de la fête c'est le vide. Mais au centre du vide il y a une autre fête. 61 Etre. Et rien de plus. Jusqu'à ce que se forme un puits en-dessous. Ne pas être. Et rien de plus. Jusqu'à ce que se forme un puits au-dessus. Ensuite, entre ces deux puits, le vent s'arrêtera un instant. — Douzième poésie verticale (Duodécima poesía vertical, 1991), présentation de Michel Camus, édition bilingue, traduit de l'espagnol par Fernand Verhesen. [Paris], Éditions La Différence, « Orphée » n° 147, 1993, 192 p.
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